« Le sens de la vie ? On le cherche encore... »

« J'avais bien apprécié Journal d'un fœtus. Je ne suis pas déçu par cet ouvrage. On retrouve sa langue très orale, dans une narration plus « personnelle », autofictionnelle ? La situation est simple : l'auteur (ou le narrateur) écrit une nuit sur son oncle, sa mort, donc sa vie d'avant. On ressent un profond attachement, un amour pour ce personnage qu'on aurait eu envie de rencontrer. Peut-être en avons nous croisé, d’ailleurs, sans le savoir, ce genre de personnage poussé à bout. Le suicide, l'incompréhension, la pression familiale, financière... tous ces ingrédients font une bouillabaisse absurde, bien difficile à digérer. Cette nuit d'écriture arrivera-t-elle à faire passer la pilule ? On s'y retrouve, se reconnaît, se transpose dans ce récit. La langue nous attrape sans nous lâcher. On finit par le lire à voix d'ailleurs. Ces longues phrases étirées sans ponctuation (sauf un point) m'ont rappelé Jean-Luc Lagarce avec sa récursivité et sa rhétorique verbale. Benjamin Taïeb a su s'affranchir d'une forme de retenue (parfois un peu ampoulée chez Lagarce) avec un franc-parler et des explosions qui ramènent l'émotion au cœur du propos, sans jamais s'enterrer dans une pathos mélodramatique. C'est une fort belle parole qui parle d'absence, de manque et d'incompréhension. Le sens de la vie ? On le cherche encore... »

Chronique volée sur Libfly

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