Même
lorsque je m’adosse à l’arbre gris qui s’est planté au milieu
de la cour et qu’ensemble nous faisons comme si de rien n’était,
elles viennent m’encercler, alors je m’écrase encore plus sur
l’écorce de l’arbre, je voudrais entrer tout entière dans la
vieille peau de mon arbre-artère, être sourde comme lui,
indéracinable, mais les mots des filles finissent toujours par me
propulser hors de moi, des mots comme « traînée », « bâtarde »,
des mots qui habitent et salissent leurs petites bouches, leurs
petites bouches sur lesquelles je me rue, que je cogne jusqu’à ce
que le sang colore leur moquerie et leur bêtise, jusqu’à ce
qu’elles hurlent de leur propre voix.
Têtes
blondes,
Perrine
Le Querrec, p.
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