« Les habitués tracent leur route au plus vite et au plus court, distribuent au besoin des coups du coude pour avancer. »

Vendredi 30 août, 16 h 30, niveau 0, accueil Transilien
Renan hésite longuement sur l’emplacement de la caisse de livres. Les passagers des grandes lignes sont déjà bien assez chouchoutés comme cela. Ils ont même un piano en libre-service, mais les voyageurs gâtés préfèrent s’en servir comme table à pique-nique. Il se rend à l’étage des trains de banlieue, nommés Transiliens parce que ça fait plus élégant. Renan lâche sa caisse entre deux distributeurs automatiques de billets. Il a l’impression de participer à une opération commando ultra-dangereuse et ça l’amuse beaucoup. Renan s’éloigne vite de la caisse, comme si elle allait exploser telle une valise. Il se poste à bonne distance et attend qu’un lecteur potentiel prenne son Transilien. Le hall est très dense à cette heure-ci. Les habitués tracent leur route au plus vite et au plus court, distribuent au besoin des coups du coude pour avancer. Ils ne baissent pas les yeux et ne voient pas la caisse. Ce sont les badauds bousculés qui se penchent au chevet des livres et les habitués désœuvrés qui ont fini leur réunion trop tôt par rapport au train.



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