« Les
étoiles, Sarah connaît. Sa grand-mère, mais aussi la mère et le
père de sa grand-mère en ont porté sur leurs manches avant d’être
condamnés à brûler comme elles, dont les corps stellaires n’en
finissent pas de se consumer dans le grand ciel noir. Selon Sarah, si
on mettait bout à bout les corps des six millions de juifs
exterminés dans les camps nazis, on aurait de quoi dresser une
échelle jusqu’à la lune. Sarah exagère, mais c’est normal,
c’est pour ça qu’il l’aime, c’est ça qu’il aime en elle,
cet excès, cette chaleur, ce bouillonnement, ce corps pulpeux, ces
cheveux drus, cette peau très blanche tavelée de roux, ce concentré
de gaz rares dont elle le douche, cette flambée d’alcool qui le
rend fou, qui lui fait peur aussi, de quoi le paralyser quand elle
est nue, ce qui ne s’est encore jamais produit. »
pp.
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Par
le geste inconscient d’un camarade de classe, Pascal, cinq ans,
perd un œil. « Œil-de-lynx vient de naître, avec qui il va
devoir s’efforcer de vivre en bonne entente. » Dix ans plus
tard, Pascal cale son œil valide derrière l’oculaire d’une
lunette astronomique. Les étoiles, c’est sa passion avouée, et
Sarah son amour secret.
Une
histoire courte qui finit mal, forcément. Pas d’envolée lyrique,
mais un vocabulaire ajusté, tendu avec rigueur, polissant une œuvre
forte et sensible à la fois.
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