Grains de sable... morceaux choisis du texte de Mael Le Guennec


Morceaux choisis de la nouvelle de Mael Le Guennec, Que le sable m'emporte, en vente sur le site des éditions Lunatique et sur Amazon


Aujourd'hui, notre fils a ramené deux dessins, un pour maman, un pour papa. Tu ne sais pas comment lui dire que son père est peut-être mort, qu'en tout cas il a disparu et que, peut-être, il ne le reverra plus. Tu te dis qu'à son âge, il va oublier, un enfant apprend vite mais oublie aussi. Et dans dix ans il n'aura comme souvenir de son père que des photos de vacances dans l'album.

Quand ton fils te pose des questions, tu lui dis que je suis parti en voyage pour mon travail. En un sens, ce n'est pas un mensonge.

pp. 11-12


Mais je ne veux pas de cette vie aseptisée de mort-vivant. Le train-train endort, tue la passion, nous ferme les yeux... Qu'est-ce qu'il nous reste? Un salaire à la fin du mois pour payer le loyer, le chauffage, l'électricité, la nourriture, les vêtements, le médecin, les médicaments non remboursés, un voyage à Disneyland dont on parlera trois mois avant, car du point de vue financier c'est une petite folie, et dont on parlera encore trois mois après, car du point de vue financier c'était une petite folie, la voiture et ce garagiste beau-parleur qui a tout de l'escroc embobineur, sans compter l'assurance et le malus...
Comment peut-on survivre à une vie réduite à cela et encombrée de tout cela ?

p. 18


Ton mari est parti en Afrique sans rien te dire et tu n'as pas de nouvelles, ce n'est pas à toi de deviner qui dit la vérité. Le flic te laisse une carte de visite, tu te dis: exactement comme dans les films, mais tout de suite après tu te dis ça n'est pas un film, c'est ma vie, la vie qui s'écoule et que je regarde filer entre mes doigts.

p. 22


Hier, j'ai découvert un coin magnifique. Des rochers surplombant la mer et une petite crique de sable. Tu sais combien j'avais peur du vide. Je n'aurais jamais plongé dans l'eau même du premier plongeoir.
Hier, j'ai dû le faire. J'ai laissé ma vieille peau quelque part entre le rocher et la mer. Je ne crois pas que tu aimerais l'homme que je suis en train de devenir.

p. 29


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